fbpx

Pourriez-vous expliquer aux lecteurs français les points communs et les différences entre votre parti, Fratelli d’Italia et la Ligue de Matteo Salvini? «Fratelli d’Italia et La Ligue sont deux partis différents mais compatibles, et c’est justement pour cela que nous sommes alliés depuis toujours. Nous avons des positions similaires sur des questions fondamentales comme la lutte contre l’immigration illégale, la défense de l’identité nationale, ainsi qu’en matière de famille et d’économie. Nous avons des convergences importantes mais nous sommes différents par notre histoire: Fratelli d’Italia est l’héritier des mouvements italiens de droite, la Ligue qui aujourd’hui adopte beaucoup de positions de droite, est l’héritière de la Ligue du Nord d’Umberto Bossi, et dans le Nord une bonne partie de son électorat est le même qu’avant. Il y a une différence dans les choix, et le premier d’entre eux, celui de la Ligue de gouverner avec le Mouvement Cinq Étoiles, est un choix inconcevable pour Fratelli d’Italia; de la même manière, au niveau européen et international nous faisons partie de familles différentes. En Europe, Fratelli d’Italia et la Ligue font partie de deux familles politiques différentes, Fratelli d’Italia est membre des conservateurs et co-président l’ECR (European Conservatives and Reformists Group, Groupe des conservateurs et réformistes européens)».

Comment vous définissez-vous: nationaliste, souverainiste, populiste, identitaire ou conservatrice? «Je me définis comme patriote. Être patriote englobe toutes ces autres notions : défendre l’État-nation, sa souveraineté et celle de son peuple, défendre l’identité culturelle sur laquelle la nation est fondée».

Quel rôle Fratelli d’Italia pourrait-il prendre dans une coalition avec la Lega? « Aujourd’hui nous gouvernons déjà des dizaines de communes et de régions avec la Ligue, nous sommes prêts à gouverner. Et puis le rôle que tien- dra Fratelli d’Italia dépend du consensus et du poids spécifique que les Italiens voudront bien nous accorder. Je crois que tout le monde s’est rendu compte que Fratelli d’Italia a une ligne très claire et que les Italiens peuvent nous faire confiance.

Nous continuons de croître grâce à notre cohérence, pour avoir déclaré avant les élections – et tenu parole après – que nous n’aurions pas fait alliance avec d’autres partis politiques hors du centre-droit. Nous sommes la garantie du programme et du positionnement de la coalition [du centre-droit, ndlr]. Et c’est justement pour cela que nous sommes aussi la force politique qui aujourd’hui parle le mieux aux milieux produc- tifs, parce que nous avons toujours proposé des mesures économiques destinées à soutenir ceux qui produisent et qui créent de l’emploi, comme par exemple la flat tax à 15 % sur les revenus de l’épargne ou encore une super-déduction fiscale du coût du travail pour les entreprises qui ont un fort taux de main-d’œuvre. En d’autres termes: plus tu emploies, moins tu paies de taxes. C’est pour cette raison que nous avons toujours dit vouloir abolir le revenu de citoyenneté voulu par le Mouvement Cinq étoiles qui coûte si cher et ne crée pas d’emploi. Par ailleurs nous sommes aussi les plus proches du monde catholique de par notre attention aux thèmes de la famille, de la natalité et de la maternité, mais aussi par la défense fière, mais toujours sobre de notre identité culturelle et religieuse. Je suis convaincue que le rôle qu’aura Fratelli d’Italia dans un futur gouvernement de centre-droit sera de tout premier plan».

Quels rapports FdI entretient-il avec la classe politique française? «J’ai rencontré plusieurs fois Marine Le Pen, j’ai de l’estime pour elle mais aujourd’hui à Bruxelles nous sommes co-présidents du groupe conservateur avec lequel nous partageons l’idée d’une Europe confédérale qui respecte les souverainetés nationales. Nicolas Dupont-Aignan était entré dans notre groupe mais il n’a malheureusement pas eu d’élus. Cela me contrarie de voir les Républicains en difficulté, j’avais regardé avec sympathie un nouveau leader qui venait de la «Droite sociale», un concept qui nous est très cher. Je souhaite qu’ils réussissent à retrouver une voie alternative au macronisme. Je suis aussi avec intérêt le travail que Marion Maréchal est en train de faire pour la formation des plus jeunes, c’est très important que la sphère culturelle de la droite soit riche d’initiatives de qualité. Je souhaite que la droite dépasse ces divisions parce que je suis convaincue qu’en France comme en Italie, la population n’est pas majoritairement à gauche. Mais il faudra encore probablement du temps».

Quel rôle la France et l’Italie peuvent-elles tenir en Europe et dans le monde? «L’Italie et la France sont des nations amies, elles ont tant de choses en commun, l’art, l’histoire, la culture, la langue. Bien sûr il y a aussi beaucoup de rivalités, mais nous savons l’une et l’autre que nous avons un destin commun. J’étais contrariée de voir ces dernières années des dirigeants français jouer contre l’Italie. Je me souviens de Sarkozy rire avec Merkel du gouvernement légitimement élu par les Italiens, je me souviens de la décision absurde d’intervenir en Libye pour garantir les intérêts français, déclenchant un chaos que nous payons encore aujourd’hui, je me souviens des mots de Macron contre les Italiens «à vomir» pour avoir essayé de défendre nos frontières contre l’immigration incontrôlée. Je pense au contraire qu’avec des gouvernements de patriotes, aussi bien à Rome qu’à Paris nous pourrons rebâtir une bonne coopé- ration, dans le respect de nos intérêts réciproques en Méditerranée, en combattant ensemble le terrorisme islamiste, en essayant de changer quelque chose à cette Europe. Je l’espère».

L’Italie est liée historiquement à la Libye. Comment analysez-vous le rôle joué aujourd’hui par l’Italie en Libye et serait-il différent si vous étiez au pouvoir? «Oui, assurément. L’Italie a été exclue de la Libye et ce n’est pas acceptable. Aujourd’hui toutes les grandes nations ont un rôle de premier plan en Libye tandis que nous nous contentons d’attendre l’Union Européenne et l’Onu. Pendant ce temps la Turquie commence les forages pétroliers dans les eaux territoriales de Chypre dont les concessions avaient été attribuées à l’ENI [Société italienne privée d’hydrocarbures, ndlr] et Total, et personne ne dit rien. Le gouvernement italien est faible et absent tandis qu’en Libye beaucoup de nos intérêts nationaux sont en jeu, qu’il s’agisse de l’énergie ou de l’immigration».

SCARICA INTERVISTA IN PDF

Condividi

Facebook

NEWSLETTER

Social